Tout savoir sur le strabisme

Le strabisme est une pathologie qui concerne 2 à 4% de la population française. À l’image de l’astigmatisme ou de la myopie, c’est un trouble oculaire, et non une maladie des yeux. Il s’agit d’un défaut de parallélisme entre les deux yeux, les empêchant de regarder dans la même direction.
Tour d’horizon sur le strabisme, ses conséquences et les solutions pour y remédier.

Qu’est-ce que le strabisme?

Le strabisme correspond à un défaut à un défaut de parallélisme des deux axes visuels. Ce mauvais alignement est d’origine cérébrale mais sa conséquence, elle, est mécanique. Autrement dit, les mouvements des yeux ne se font pas de manière coordonnée.

Un strabisme mineur peut passer inaperçu et rester sans conséquence. A contrario, un fort strabisme très visible peut fortement perturber le quotidien de celui qui en souffre. On distingue le strabisme :

Esotropique (ou convergent) : les deux yeux sont tournés l’un vers l’autre, vers l’intérieur du visage. C’est le plus commun des strabismes infantiles.
Exotropique (ou divergent) : les yeux sont tournés vers l’extérieur
Hypertropique (ou vertical) : lorsqu’un un oeil est dévié vers le haut ou vers le bas
Hypotropique (ou oblique) : les yeux partent dans des directions différentes suivant un axe qui n’est ni vertical ni horizontal

Quel que soit le strabisme, le cerveau reçoit au final deux images décalées, provoquant une vision doublée appelée diplopie. Pour pallier cette gêne, le cerveau neutralise l’image qui provient de l’oeil dévié, pour ne garder que celle de ce que l’on pourrait appeler « le bon oeil« .

À long terme, cette différence d’acuité visuelle marquée entre les deux yeux (amblyopie) est un risque. Les personnes touchées peuvent alors perdre complètement la vision binoculaire et donc la vision en trois dimensions.

Qui est touché par le strabisme ?

Le strabisme apparaît généralement dans l’enfance, avant 10 ans. Il n’existe pas réellement de causes connues. Cependant, il est souvent héréditaire, provenant d’une malformation d’ordre génétique de l’appareil oculaire, notamment des muscles responsables de l’alignement des yeux, ou bien d’un défaut d’ordre neurologique empêchant les yeux de s’aligner pour coordonner leur action.

Le strabisme convergent apparaît souvent entre 0 et 5 ans, et entre 6 et 10 ans pour le strabisme divergent. Plus généralement, c’est entre 2 et 4 ans que le strabisme apparaît le plus souvent, chez 2 à 3 % des enfants, et sans distinction de sexe.

Si le strabisme apparaît à l’âge adulte, il peut résulter :

d’un muscle oculaire blessé, ou rompu : ce qui entraînera le désalignement de l’oeil.
du diabète : par les problèmes de circulation sanguine qu’il peut engendrer, il peut également être responsable de lésions au niveau des muscles oculaires.
d’une perte de vision : quelle que soit sa cause, elle affaiblit un oeil et empêche son alignement avec l’autre.

Quels sont les traitements pour le strabisme ?

La correction chez l’ophtalmologue

Dans un premier temps, le strabisme peut se corriger par le port de lunettes adaptées. Comme pour la myopie, l’hypermétropie ou l’astigmatisme, la diplopie, ou vue double, peut être corrigée par des prismes, qui réorientent l’image vers l’oeil faible.

Il existe aussi la méthode de la pénalisation. Le principe est de solliciter l’œil le plus faible en posant un filtre collé (appelé Ryser) sur le verre des lunettes du côté du meilleur œil. En neutralisant l’oeil fort, le cerveau est forcé de se reporter sur l’oeil faible. Celui-ci, à nouveau utilisé, va progressivement se renforcer tandis que ses capacités visuelles s’amélioreront.

La rééducation chez l’orthoptiste

Sur prescription de l’ophtalmologue, l’orthoptie permet de rééduquer les yeux et de retrouver une vision efficace.

Grâce à des outils et des exercices spécifiques, ce professionnel de santé corrige le trouble de la vision. L’objectif est de rééquilibrer l’écart entre les deux yeux.

L’injection de toxine botulique

Une autre méthode est l’injection d’acide botulique dans les muscles oculaires, pour les paralyser temporairement.

En paralysant un muscle, on amène le muscle opposé à se renforcer, ce qui modifiera l’alignement de l’oeil concerné. Il peut y avoir jusqu’à trois injections chacune espacée de six mois. Cette méthode est réalisable chez l’enfant dès neuf mois et reste l’alternative la plus fiable avant la chirurgie. Dans un cas sur deux, l’injection guérit le strabisme.

La chirurgie en dernier recours

Le strabisme se résorbe sans chirurgie dans 90 % des cas. Lorsqu’il est dû à un problème musculaire, le strabisme peut-être corrigé par chirurgie et rendre une grande qualité de vie aux patients adultes.

L’opération consiste dans la majorité des cas à déplacer l’un des six muscles déterminant la position de chaque oeil, de le raccourcir, ou de changer son point d’attache, et d’influer ainsi sur l’alignement des yeux. Bien que la chirurgie permette d’aligner les yeux, elle ne corrige pas les problèmes de vue. Les lunettes pourront rester indispensables.

La conséquence esthétique du strabisme

La conséquence la plus visible du strabisme est esthétique. Il peut avoir des répercussions psychologiques et sociales comme par exemple influer sur l’image de soi, le regard des autres, la capacité à trouver un emploi, des moqueries à l’école, etc…

Pendant l’enfance et à l’âge adulte, il peut faire l’objet de moqueries répétées pouvant fortement nuire à la qualité de vie de ceux qui en souffrent. 70 % d’entre eux avouent avoir une mauvaise estime d’eux-mêmes due au strabisme, tandis que 85% disent être pénalisés dans leur travail ou leur vie sociale à cause des troubles visuels engendrés.