Selon certains spécialistes, il existerait des couleurs impossibles à voir. En cause : la conception que notre esprit se fait des couleurs et notre incapacité à appréhender les choses de manière moins radicale. Selon ces mêmes spécialistes, certains parviendraient néanmoins, à force d’exercice, à percevoir ces couleurs interdites par nos esprits manichéens ? Qu’en est-il vraiment ? Et comment parvenir à voir les couleurs impossibles ?
I/ Qu’est-ce, au juste, qu’une couleur impossible ?
Une couleur impossible, c’est une couleur qui n’est pas prise en compte par notre capacité de réflexion, au sens où nous appréhendons les couleurs comme nous appréhendons les chiffres : le bleu n’est pas du vert, comme le 2 n’est pas un 9. Néanmoins, avec les avancées des sciences physiques, mais également des sciences humaines, nous savons maintenant que plusieurs choses peuvent exister simultanément sans pour autant remettre en cause l’existence des unes et des autres. C’est-à-dire que le bleu peut très bien exister dans le vert, la preuve en est que le vert est constitué d’un mélange de jaune et de bleu. Aussi, ce n’est pas parce qu’un objet est vert qu’il n’est pas un peu bleu.
En raison de notre incapacité à percevoir les couleurs impossibles, nous ne verrions pas le monde tel qu’il est
En fait, comme nous le savons maintenant, les couleurs correspondent à des longueurs d’ondes de la lumière, lesquelles sont infinies. Il existe ainsi bien plus de couleurs que ce que l’on peut imaginer. Et ce n’est pas parce que nous ne les percevons pas toutes qu’elles n’existent pas, étant donné que la condition même de leur existence est justement cette infinité de longueurs d’ondes correspondant elle-même à des nuances de couleurs. D’ailleurs, en raison de notre incapacité à percevoir les couleurs, nous n’appréhenderions qu’une petite partie des couleurs présentes dans le monde qui nous entoure.
II/ Pourquoi ne peut-on pas voir les couleurs interdites ?
Les couleurs impossibles sont aussi appelées couleurs interdites à juste titre : il nous est interdit de les voir. Qui nous l’interdit au juste ? C’est notre esprit lui-même. En effet, étant donné que nous sommes habitués à trier et organiser les couleurs selon un échantillonnage pré-défini que l’on nous inculque depuis la tendre enfance, mais également dans le quotidien (un stylo bleu est bleu, l’herbe est verte, etc…), alors l’esprit détermine les couleurs perçues en fonction de ce qu’il a appris à voir.
En cause : notre manque d’ouverture d’esprit
Par exemple, si l’on montre une tasse à un indigène, il s’en servira comme vase, comme évier, ou comme accessoire pour se laver les cheveux, et lui donnera bien d’autres utilités. Il n’est effectivement pas habitué à considérer une tasse comme une tasse, étant donné qu’il n’en n’a jamais eu et qu’il n’appréhende pas le concept de tasse comme nous le faisons. L’indigène ne sera pas bloqué par une vision empirique, dictée par l’expérience, de ce que c’est qu’une tasse, et pourra en faire beaucoup plus d’usages que nous. Il sera finalement plus libre vis-à-vis de cette tasse que des personnes ancrées dans la civilisation occidentale. Lesquelles ne l’utiliseront que comme une simple tasse. Pour les couleurs, notre esprit fonctionne de la même manière : il voit ce qu’il est habitué à considérer comme du bleu, aussi, il le considère comme du bleu en évinçant toutes les autres possibilités, alors qu’une ouverture plus large de notre esprit suffirait à nous faire appréhender des couleurs dites impossibles, comme du bleu verdâtre, du jaune bleuâtre, ou du vert rougeâtre comme des couleurs à part entière.
En fait, nous appréhendons les couleurs selon deux axes perpendiculaires, lesquels nous ont été inculqués depuis notre plus jeune âge : d’une part, le rouge et le vert à l’opposé l’un de l’autre, et d’autre part, le bleu et le jaune à l’opposé l’un de l’autre eux aussi. Et ces couleurs, qui sont opposées entre elles, ne peuvent pas, selon notre esprit, être associées entre elles. On peut associer des couleurs comme le jaune et le vert ou le rouge et le vert parce qu’elles sont complémentaires, et parce nous avons appris qu’elles étaient complémentaires. En revanche, nous ne pouvons décemment associer le violet et le jaune. Pourtant, c’est bien chose possible en principe, puisque les nuances correspondant à l’ensemble des couleurs d’ondes existantes existent.
Ainsi, c’est parce que notre esprit conçoit chaque couleur comme un élément à part entière que nous ne sommes pas capables d’appréhender une mutualisation originale de couleurs sortant du cadre des couleurs complémentaires théoriques.
III/ Comment parvenir à voir les couleurs interdites ?
Pour parvenir à voir des couleurs interdites, il « suffirait » de rapprocher deux objets de couleurs distinctes de nos yeux. Nos yeux finiraient ainsi par croiser leurs perceptions et à permettre à l’esprit d’appréhender un mélange de deux couleurs ordinaires qui donnerait ainsi une couleur née de ces deux couleurs que l’on identifie par des dénominations bien connues (bleu, vert, rouge, violet, etc…).
IV/ Comment utiliser les couleurs interdites ?
D’ailleurs de nombreux coloristes utilisent avec malice ce paradoxe des couleurs interdites en disposant l’une des deux à proximité d’une autre, pour permettre à l’esprit de fortifier sa perception des couleurs individuelles. Ainsi, dans un parc Disneyland aux Etats-Unis, les concepteurs auraient utilisé la couleur rosée pour les pavés afin de faire paraître l’herbe plus verte qu’elle ne l’est lorsqu’elle est dépourvue de cette couleur rose alentours.